1er Mai – Chair en Floraison

Avant d’être la Journée internationale des travailleurs, le 1er mai est, dans la tradition celtique est la date de Beltaine, une célébration du passage de la saison sombre à la saison claire, une fête du feu, de la fécondité, de l’union entre les forces de la nature et celles du désir. C’était un moment de transition : de l’obscurité à la lumière, de la réserve à l’offrande, de l’hiver contenu à l’épanouissement charnel.

Au cœur de la cérémonie, deux grands brasiers s’élevaient. Les troupeaux passaient entre les flammes pour être bénis, purifiés, protégés. Mais derrière ces gestes agricoles se jouait une alchimie plus profonde : celle du lien entre feu et fécondité, entre chaleur et renaissance. Les couples, souvent formés pour la nuit, disparaissaient dans les bois. On disait qu’ils honoraient la Terre-Mère par leur union. Ce n’était pas une métaphore.

Belthaine est la fête de la sève qui monte, du corps qui s’ouvre, du ventre qui appelle. Un écho païen aux noces sacrées — ce rite ancien, attesté de la Mésopotamie à l’Irlande, où le roi s’unissait symboliquement à la déesse pour assurer la fertilité du royaume. L’étreinte devenait offrande. Le plaisir, puissance créatrice.

Dans certains villages, les jeunes femmes étaient effleurées de branches de bouleau, dans un geste à la fois ludique et symbolique. Il s’agissait d’attirer chance, vigueur et fécondité. Ce frôlement, parfois plus appuyé, portait la mémoire d’un geste plus ancien encore : celui des frappes rythmiques qui éveillent la chair, stimulent la vie, ouvrent le corps à la joie d’être touché par la saison.

Aujourd’hui, peu se souviennent de cette mémoire tactile. Mais elle persiste, en filigrane, dans les caresses fermes, les jeux d’abandon, et le feu qui parfois naît d’une paume bien placée. Car Belthaine n’est pas une fête morte : elle sommeille sous la peau, prête à s’embraser à nouveau.

---